Le monde est en perpétuelle évolution. La Business School est contrainte de non seulement s’adapter mais aussi d’anticiper les changements à venir.
Aujourd’hui, la quête du savoir n’est pas la motivation première des jeunes étudiants à l’université. Les cours gratuits foisonnent sur Internet dans toutes sortes de disciplines. De prestigieuses universités telles que Harvard et Princeton offrent, elles aussi, certains cours en ligne conçus par leur corps professoral et ce gracieusement. D’autres plateformes de cours sont disponibles moyennant une modique contribution.
Les jeunes n’investissent plus les bancs d’une école de commerce pour acquérir du savoir. L’époque où le professeur pouvait s’affirmer en asseyant ses connaissances est définitivement révolue. Les jeunes qui décident de s’orienter vers une business school recherchent les moyens et outils guidant leur pied dans l’étrier qui les propulsera dans le milieu du travail et des affaires. Ils auront ainsi plus de chance de réussite professionnelle dans un monde de plus en plus compétitif.
Aujourd’hui, nous formons des exécutants. Et non pas des leaders…
A contrario, le modèle éducatif actuel de la business school se penche plus vers une formation cadrée et formatée. Aujourd’hui, nous formons des exécutants. Et non pas des leaders… Le modèle a des exigences : présence en classe, ponctualité, respect des consignes des devoirs…Un modèle qui est plutôt automatisé, scalable et reproductible.
Celui-ci, néanmoins, prône l’émergence d’individualités prêtes à apporter des solutions aux problèmes rencontrés tout en créant de la valeur. Hors, la réalité est qu’on ne peut pas toujours s’improviser apporteur de solution ou créateur de valeur. Cela s’apprend par l’expérience et la pratique, deux grosses lacunes du système éducatif actuel basé fortement sur la soumission et le conformisme.
Une réforme de la business school est par conséquent urgente et indispensable pour s’assurer tout d’abord son attractivité et ensuite pour continuer à justifier de l’importance de son rôle dans la société. Voici 3 propositions pour réformer la business school :
La Business School, laboratoire d’expériences terrain
Les cours de l’avenir et la future business school telle que je les imagine confrontent les étudiants à des situations réelles face auxquelles exercer, affûter leurs griffes entrepreneuriales. Créer un véritable business, entreprendre l’ensemble des démarches qui constituent la création d’entreprise, lancer puis suivre le business, voilà comment mieux appréhender la capacité d’un étudiant à braver le monde de l’entrepreneuriat.
Le monde des affaires ne peut plus se contenter de reproduire les mêmes idées sclérosées, trop prévisibles.
Une simulation de montage de projet, quoiqu’essentielle pour un enseignement théorique, ne rivalise pas avec la mise en œuvre réelle d’un projet choisi et porté par un groupe d’étudiants. Les conditions de travail, les enjeux et le stress diffèrent. Les étudiants ont besoin de baigner dans un environnement réaliste et réel au plus près de leurs convictions. Le monde des affaires ne peut plus se contenter de reproduire les mêmes idées sclérosées, trop prévisibles. L’innovation est indispensable dans ce monde en constante effervescence. Même l’étude de cas passée se montre rébarbative aux yeux d’étudiants aux dents longues et les yeux tournés vers l’avenir. Ils peuvent s’en inspirer certes, mais sans plus. La prise de décisions éclairées issue des conditions et environnement de cas d’écoles est souvent à l’antipode d’une démarche terrain.
À l’avenir, même ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans l’entrepreneuriat devront réfléchir comme des entrepreneurs au sein de leur organisation.
Étudier le business et le commerce sans l’exécuter dans un cas concret d’écosystème ne permet pas un réel apprentissage. Un épisode de la série américaine The Apprentice opposait l’équipe des Street Smarts à celle des Book Smarts. Pour l’anecdote, les street smarts l’avaient emporté. D’ailleurs, les employeurs le savent bien. Le gap entre la théorie et la pratique est bien réel. Les lauréats des business school ont souvent du mal à basculer vers la vie professionnelle, loin des exigences de la vie universitaire.
À l’avenir, même ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans l’entrepreneuriat devront réfléchir comme des entrepreneurs au sein de leur organisation. Ils devront être aptes à analyser et synthétiser de l’information à travers les différentes fonctions pluridisciplinaires du business. Leur travail ne devra pas être facilement remplacé par une intelligence artificielle se nourrissant d’algorithmes de plus en plus invasifs.
La Business School doit en effet permettre aux jeunes d’exercer, tester leurs idées, réaliser des projets et interagir avec les divers interlocuteurs business. Elle pourra avoir le même rôle qu’un incubateur. Leurs travaux couvriront théorie, pratique et beaucoup de répétitions. La répétition parce que le modèle éducatif actuel ne permet que de survoler les concepts acquis en théorie. La répétition est ce qui permet un ancrage des connaissances et compétences. Quelle que soit la tâche, il faut l’avoir répétée plusieurs fois avant de la maîtriser.
La business school de l’avenir est un échantillon de la vie professionnelle réelle avec pour bonus un encadrement par des professionnels et des professeurs expérimentés qui sont disponibles pour orienter, guider et accompagner l’apprenant. L’enseignement se fera plus personnalisé et s’adaptera aux passions, forces et intérêts de l’étudiant.
La Business School, lieu de découverte de sa personnalité
“Devenez ce que vous êtes” écrivait Nietzsche. Les étudiants d’une b-school doivent être mis dans des situations qui les poussent à tester leur créativité, prise de risque et courage. Ils doivent développer le leader qui sommeille en eux et prendre la mesure du travail collaboratif, véritable challenge de l’étudiant arrivant à nos portes. Une fois diplômé, l’étudiant sera ainsi mieux armé pour exceller face à une société en constante mutation.
Généralement dans les cours classiques, la seule chose que l’on peut risquer est une mauvaise note. Ceci pâle en comparaison des conséquences de l’imprudence d’un décideur.
Notons que pour réussir professionnellement, les qualités morales et personnelles sont essentielles. Un entrepreneur timoré, découragé au bout des 3 premiers appels téléphoniques n’est pas entrepreneur. Celui plus persévérant, qui n’aura cessé d’obtenir un résultat qui le satisfasse, l’est. Le mindset du leader ne se forge pas en un jour. En cela, l’école a un rôle à jouer en armant les leaders en devenir d’outils de communication, négociation, créativité qui façonnera leur carrière professionnelle et surtout dans un monde de plus en plus connecté et de moins en moins humain.
Dans la business school du futur, l’étudiant découvrira davantage ses forces, qualités et faiblesses. Il sera amené à sortir de sa zone de confort et à constamment challenger sa façon de penser et d’être.
Les aptitudes personnelles sont tout aussi importantes que les compétences techniques sur lesquelles la business school actuelle se focalise.
Les étudiants évitent souvent le travail en groupe parce qu’ils redoutent une disproportionnalité perçue du taux d’engagement des uns et des autres dans l’effort collectif.
La B-school, espace de networking et soutien de l’étudiant. C’est le lieu où l’on peut rencontrer son futur associé, investisseur, employeur, employé ou même conjoint. Le format de la b-school, dans la situation actuelle, ne permet pas la création et le renforcement de ces liens. Or, la collaboration en groupe est indispensable dans la réussite de tout projet.
Le jeune lauréat ne peut simplement compter sur ses simples compétences techniques et son savoir pour créer de la valeur dans la société. Il doit pouvoir fédérer les autres autour de ses idées.
Aujourd’hui, il n’est pas simple de placer des étudiants sans affinités sur des projets communs. Beaucoup préfèrent travailler seuls au risque d’être pénalisés. Les étudiants évitent souvent le travail en groupe parce qu’ils redoutent une disproportionnalité perçue du taux d’engagement des uns et des autres dans l’effort collectif. Les professeurs n’ont pas la possibilité de gérer cet aspect du projet et souvent répondent aux étudiants qui se plaignent : ‘Ainsi va la vraie vie !’ sans donner de véritables outils ou moyens pour réussir leur travail d’équipe.
Sachant que la collaboration et le relationnel sont primordiaux dans le monde professionnel, la b-school doit mettre l’accent là-dessus : une personne qui entretient un bon réseau a beaucoup plus de chance de voir sa carrière réussir et ses projets fleurir qu’une personne sans carnet d’adresse conséquent. Ne dit-on pas ‘qui tu connais prime sur ce que tu connais’. Telle est la réalité. Le jeune lauréat ne peut simplement compter sur ses simples compétences techniques et son savoir pour créer de la valeur dans la société. Il doit pouvoir fédérer les autres autour de ses idées. Cette étape de la constitution d’une équipe managériale et exécutive pourrait lui prendre un temps incompatible avec le lancement d’un projet. La business school fournit un terreau, par transitivité du relationnel, depuis lequel une équipe dirigeante peut être formée.
La Business School dispose d’une ressource de taille : son alumni, véritable trésor pour ses étudiants. En la transformant en réseau social, elle se placera comme un acteur clé dans la mise en relation, la promotion des collaborations et de la création de valeur. Ainsi, elle accompagnera les étudiants tout au long de leurs études, mais aussi tout au long de leur carrière.
Dans la Business School de l’avenir, les étudiants seront engagés non pas parce qu’ils doivent l’être, mais parce qu’ils en ont envie. Ils assisteront aux cours parce qu’ils sont passionnés par le sujet. Ils termineront leurs devoirs parce qu’ils veulent apprendre et améliorer leurs compétences. Ils liront des livres pour approfondir leurs connaissances. Les notes, le diplôme, le papier, n’auront plus d’importance.
La Business School de l’avenir aura réussi lorsque ses lauréats pourront non seulement répondre aux besoins du marché, mais aussi les créer. À l’issue de leur formation, ils renforceront les rangs d’une entité déjà existante ou au contraire lanceront leur propre projet personnel. Dans les deux cas, la transition se fera harmonieusement et avec assurance.
Q : La business school vaut-elle son prix ? Partagez votre avis en commentaire.